Cursor, l’éditeur qui veut vraiment comprendre votre code (et vos habitudes)
Comment dompter l’IA pour qu’elle écrive du code comme dans votre équipe — sans transformer votre repo en gruyère.
Il y a une époque, les éditeurs de code ressemblaient tous à des garages mal rangés. On entrait, on bricolait, on espérait que ça démarre. Puis Cursor est arrivé avec l’ambition d’être ce collègue ultra-réactif qui surgit dans votre IDE pour dire : « Au fait, t’as pensé à ça ? », un peu comme un serveur de restaurant étoilé qui débarque juste avant une catastrophe culinaire.
Aujourd’hui, Cursor n’est plus seulement « un VS Code avec un petit supplément d’IA ». C’est un environnement pensé pour canaliser cette IA, lui imposer vos règles, et l’empêcher de coder comme un stagiaire insomniaque sous caféine. Pour mettre cet article à jour, je suis allé farfouiller dans les billets de développeurs influents, les retours d’ingénieurs qui ont fait du prompting une discipline olympique, et bien sûr les guides que les équipes Cursor publient désormais à la chaîne.
Et le verdict est clair : Cursor ne change la vie des devs que lorsqu’on sait l’apprivoiser. Sinon, c’est juste un perroquet qui code.
# L’ère du code assisté
Cursor veut être dans votre équipe, pas juste dans votre éditeur
Cursor est un éditeur complet inspiré de VS Code, mais conçu dès la racine pour collaborer avec une IA. GitHub Copilot se greffe sur VS Code comme un add-on bien élevé. Cursor, lui, assume : « Je prends la maison, je mets mes meubles, installe-toi. »
Il autocomplète avec pertinence, génère des fichiers entiers, restructure une base de code, refactorise, discute avec vous… mais surtout, il respecte vos standards si vous les lui imposez. Sans règles, il est créatif. Trop créatif.
C’est ici que commencent les bonnes pratiques modernes.
La clé : lui expliquer votre projet avant qu’il ne touche au clavier
1. Le fichier .cursorrules : votre constitution
La première erreur des débutants est de lancer Cursor comme on lance un karaoke après minuit : sans cadre, et ça finit forcément par déraper.
Le fichier .cursorrules, placé à la racine du projet, dit à l’IA : « Voici comment on travaille ici. »
On y met :
- ✓ La vision du projet
- ✓ La stack exacte
- ✓ Les conventions TypeScript / PHP / Python / autres
- ✗ Les interdits (ex : pas d’export default en React)
- ✓ Les standards d’architecture
- ✓ Les patterns propres à l’équipe
- ✓ Les règles de sécurité
Ce fichier, c’est votre garde-fou. Sans lui, Cursor code comme un touriste qui pense que « réorganiser vos dossiers » veut dire déplacer toute l’arborescence.
Voici un mini‑exemple pour ancrer la logique :
project: name: shop-api stack: typescript rules: react: no_default_export: true require_display_name: true architecture: enforce_layering: true
Heureusement, il existe des ressources comme cursor.directory ou le repo awesome-cursorrules, mines d’or pour trouver de bons modèles.
2. Les User Rules : votre signature personnelle
Ce sont les règles globales que Cursor applique à tous vos projets. Une sorte d’empreinte digitale de votre façon de coder.
Typiquement :
- « Toujours préférer la composition à l’héritage »
- « Ajouter systématiquement un displayName aux composants React »
- « Ne jamais générer de code sans préciser les types »
Là encore, plus c’est clair, plus Cursor devient un collègue fiable et pas un scénariste de série B improvisant un twist.
Un workflow qui fonctionne : petit, structuré, efficace
3. Commencer petit
Beaucoup espèrent que Cursor va résoudre leur dette technique d’un coup. Mauvaise idée. Il faut le tester sur des tâches simples, comme demander de générer un service, réécrire un composant ou analyser une fonction. L’IA doit apprendre votre cadre. Vous devez apprendre son comportement. C’est un rodage.
4. Le mode Agent (Composer) : traiter Cursor comme un junior structuré
Depuis la version 0.46, c’est le mode par défaut. Ici, l'IA enchaîne des actions dans une logique de "plan → exécution → vérification". Plus vous fournissez de structure, plus elle travaille proprement. Parlez-lui comme à un ingénieur junior : expliquez les objectifs, les étapes, les contraintes. Laissez-la travailler, mais vérifiez.
5. Gérer le contexte comme un chef
L’un des meilleurs conseils lus chez des power-users : Fermez tous les onglets inutiles, ouvrez seulement ceux qui comptent, puis utilisez l’option "Reference Open Editors". Résultat : Cursor ne perd pas la boule à analyser un projet entier et se concentre exactement sur ce que vous voyez.
Monter en puissance : techniques avancées dès le départ
6. TDD piloté par l’IA
La recette qui revient partout :
« Écris d’abord les tests, puis le code, puis fais tourner les tests et corrige jusqu’à ce que tout passe. »
Cursor excelle dans ce genre de cycles. Il comprend mieux l’intention quand les tests existent avant l’implémentation.
7. Le fichier instructions.md : votre Bible interne
Avant une session IA, écrivez un document qui explique l’architecture voulue, les contraintes techniques, les choix de design et le vocabulaire métier. Ce fichier sert de boussole. Cursor y revient, et votre équipe aussi.
Sécurité : éviter la boulette
Cursor est un formidable assistant… qui peut aussi envoyer vos clés API dans un modèle IA si vous n’y prenez pas garde.
Le .cursorignore est donc obligatoire.
.env
.env.*
/secrets
/sensitive-data
.credentials
.key
Pensez aussi à désactiver Auto Run, à restreindre l’Allow List et à externaliser vos secrets (Vault, Secrets Manager…).
Dans le monde IA, une fuite n’est pas une ligne Git à réécrire. C’est un aller simple sans retour.
Alors, est-ce que Cursor vaut le coup aujourd’hui ?
Oui. Mais pas par défaut.
Cursor brille quand il est configuré, guidé, nourri de règles et de contexte. Il devient alors cette présence constante qui vous aide à structurer vos projets, accélérer les développements et fiabiliser la qualité.
Sans règles ? C’est un générateur de fichiers. Avec règles ? C’est un membre de l’équipe.